Lorsque Marcel Proust, descendant du célèbre écrivain, rencontre à Paris, au XXIe siècle, Madeleine, une peintre espiègle et pleine de fantaisie, il tombe immédiatement sous le charme, une histoire magique, se dit-il, puisqu’elle réunit enfin Madeleine et Proust.
Coup de foudre, moment de grâce sur lequel il n’aura guère l’occasion de s’attarder ni de disserter, car, presque aussitôt le voilà plongé dans la quatrième dimension, un voyage époustouflant dans l’espace-temps : l’Atlantide, Venise, la Normandie seront quelques-uns des lieux qu’il visitera en compagnie de Madeleine.
Au cours de cette exploration de mondes parallèles, il devra affronter des personnages et des événements liés à des périodes sombres de l’histoire, puis, de retour en 2015, il n’aura guère l’occasion de souffler – juste celui de s’interroger sur les liens entre passé et présent –, car il va être confronté à une terrible organisation néonazie, déterminée à imposer son idéologie par la force.
Affronter les drames du passé et déjouer le machiavélisme de leurs adversaires d’aujourd’hui sera un défi pour ce jeune couple d’aventuriers, les obligeant à faire preuve de courage et d’une inventivité sans limites.

5 étoiles Époustouflant !
le roman et son titre reposent sur l'idée que Madeleine n'est pas le fameux petit gâteau qui a permis à Proust de plonger dans ses souvenirs d'enfance mais qu'il s'agit d'une femme. (…). Elle va entraîner Proust (qui est un descendant du fameux écrivain qui vit, lui, au XXIe siècle ) à la recherche de son passé. On est d'emblée emporté dans une grande saga à rebondissement, pleine de suspens, nous faisant voyager dans le temps et dans l'espace, alternant humour et gravité. À cela s'ajoute évidemment la très belle histoire d'amour entre Madeleine et Proust qui traverse les époques, intacte, surprenante, flirtant en permanence avec les mondes parallèles et l'univers paranormal. Des personnages attachants, c'est le moins que l'on puisse dire. Un Marcel Proust du XXIe siècle, héros d'un polar, qui m'a séduite avec sa Madeleine.....je l'ai dévoré(e), je me suis régalée et je le recommande!!!!

Coup de foudre à la galerie

Il découvre une pièce aux murs blancs sur lesquels sont accrochés une vingtaine de tableaux qui lui semblent, à première vue, de la même facture minimaliste que celui devant lequel il s’est retrouvé nez à nez, si on peut se permettre ce genre d’expression.

Aucune raison donc que son regard continue à s’attarder sur ces « œuvres d’art ».

Il passe à nouveau ses mains dans ses cheveux châtains coiffés vers l’arrière et adresse à la jeune femme son sourire de séducteur, découvrant des dents éblouissantes dont ses yeux sombres accentuent encore l’éclat.

En temps habituel, cela suffit, car à ce stade, les filles sont fascinées, ne peuvent plus raisonner, sont parcourues d’un grand frisson et d’une envie irrésistible de sentir ses bras enlacer leur taille.

— Proust… Marcel Proust, dit-il en la fixant bien droit dans les yeux, car il a retrouvé toute son assurance.

Vu l’enthousiasme qu’elle a manifesté en le voyant, il n’a pas le moindre doute sur sa capacité à la séduire, aussi est-il un peu surpris par l’expression qu’elle arbore depuis qu’il a pénétré dans la galerie.

Cela n’entame pas sa bonne humeur. Dans sa tête, il continue à jouer avec les mots, ce qui est plutôt bon signe chez lui, sorte de baromètre dont l’aiguille indiquerait beau fixe.

Il essaie de définir son sourire.

Il ne peut s’empêcher de penser à celui de Mona Lisa, énigmatique, indéchiffrable, mais c’est un peu bateau, se dit-il. Il saute alors quelques siècles et imagine un mannequin qui défile avec juste ce qu’il faut d’expression pour donner de l’humanité et de la chaleur à ce corps qu’elle offre aux regards.

Proust est assez content de cette dernière définition, mais il n’a pas trop l’occasion de la peaufiner, car la jeune fille est sortie de son mutisme.

— Madeleine, dit-elle simplement, se demandant s’il va suivre les sentiers de grande randonnée de ses collègues… parsemés de fines plaisanteries.

Mais le visiteur se contente de hocher la tête d’un air satisfait. Son regard se fait plus intense, plus sombre et plus éclatant à la fois.

Il a abandonné toute littérature et son œil regarde de plus près ce qu’il a entraperçu par la vitre et ce qu’il voit, eh bien, comment dire… ?

En fait, elle lui plaît beaucoup, si on veut appeler les choses par leur nom.

D’ailleurs, il vient d’adresser une courte action de grâce pour remercier sa moto d’être tombée en panne juste en face de la galerie.

— Vous êtes vraiment charmante, belle à ravir, époustouflante… J’ai rarement vu une fille aussi jolie que vous !

Ce qu’il dit n’a que de très lointains rapports avec ses romans truffés de phrases à rallonge, emboîtées comme des poupées russes qui se reproduiraient entre elles.

Il est dans une réalité beaucoup plus tangible, celle que l’on peut décrire en peu de mots.

Madeleine n’ignore rien de ce regard affûté qui ne cesse de la déshabiller.

Ce n’est pas désagréable, elle en convient volontiers, mais c’est trop facile, se dit-elle. D’ailleurs, elle n’aime pas ces chevaliers des temps modernes, casqués et bardés de cuir s’imaginant qu’il leur suffit d’enlever leur heaume pour faire fondre le cœur des femmes.

— Proust, c’est ça que vous m’avez dit, c’est sympa comme nom ! Vous n’allez pas me croire, peut-être même me prendrez-vous pour une folle, mais mes collègues n’arrêtent pas de me parler de vous, enfin, n’arrêtaient pas. Vous les connaissez ?

Il est un peu désorienté par le ton sur lequel elle s’est adressée à lui. Elle la joue moitié copine, moitié mondaine. Si ça continue, elle va lui proposer une boisson rafraîchissante pour communier ensemble dans la joie retrouvée, se dit-il agacé.

Tout son être se rebiffe devant la perspective d’une joute oratoire à fleurets mouchetés.

Alors, sans réfléchir, il lâche la bride à sa nature romantique qu’il jugule habituellement, d’abord parce qu’il faut le dire, quand on a son physique et sa tchatche ce n’est pas vraiment indispensable.

— Madeleine, je suis venu te chercher. Tu l’as vu, ma moto s’est arrêtée d’elle-même à deux mètres de toi. C’est le signe que j’attendais depuis toujours. Je croyais être perdu, mais en fait je viens de me trouver. Et de te trouver. Déjà, je suis fou de toi et la simple perspective de m’éloigner de ta personne, ne fût-ce que de cinquante centimètres et pendant plus de trente secondes, me fait mourir à petit feu…

Elle a retrouvé son sourire. En mieux. Plus large. Plus joyeux.

Charmée par le lyrisme et la fougue de son prétendant, il ne lui resterait plus qu’à se laisser emporter par cette passion qui vient s’offrir à elle si une vibration subtile n’était venue lui confier un message au creux de l’oreille.

Comme on s’en doute, ça n’avait rien à voir avec une de ces pensées fugaces qui filent comme des météorites dans un ciel étoilé.

Non, celle-là avait tout de suite pris la forme d’une île qui venait d’émerger dans son esprit, une de ces idées qui semblent surgir du plus profond de votre inconscient et n’ont nullement l’intention de vous laisser en paix.

Il se peut aussi qu’elle soit l’expression d’une sagesse dont vous ignoriez être le dépositaire.

Quoi qu’il en soit, c’est l’avenir qui tranchera et, pour faire plus simple, disons que, dans l’immédiat, une envie irrésistible s’empare de tout son être de sorte qu’elle pose ses mains sur le front de son admirateur, avant qu’il puisse esquisser le moindre geste, et ses pouces se rejoignent exactement à l’emplacement de ce que certains appellent le troisième œil.

D’abord, le fringant motocycliste ressent une forte sensation de chaleur là où les doigts de la jeune femme se sont posés sur sa peau, puis, très vite, elle se diffuse à l’ensemble de son corps, et dans la foulée, il est entraîné au large par une grande vague qui, en quelques secondes, le conduit dans un état proche du sommeil. Rien à voir avec le banal endormissement. L’état dans lequel il bascule s’apparente à ce qu’on pourrait appeler sans grand risque d’erreur : la béatitude.

Et de ce fait, il ne lui viendrait pas à l’idée d’en sortir pour poser des questions, car il se sent bien, parfaitement bien, même si l’endroit dans lequel il se trouve lui est parfaitement inconnu, sorte de no man’s land aux contours vagues, noyé dans une brume enveloppante, univers cotonneux dans lequel il croit entendre le sifflet d’une de ces anciennes locomotives à vapeur que l’on peut encore voir parfois dans certains films.

Des engins d’une autre époque, à vrai dire.

Son attention ne s’y attarde pas plus que nécessaire comme dans ces songes où on ne s’étonne de rien. D’ailleurs, il se dit qu’il rêve et puis, peu importe, tout est comme plongé dans un brouillard dense qui rend la scène irréelle.

Et surtout, il est à nouveau envahi avec force par ce sentiment qui fait passer à l’arrière-plan tout le reste, une sorte d’état paradisiaque.

Est-ce cela que l’on ressent lorsqu’on meurt ? se demande-t-il.

Bien sûr, personne ne lui répond.

Enfin, pas directement.

Madeleine, ses mains toujours posées sur le front de son intrépide amoureux, les yeux pleins d’étoiles, murmure :

— Bien sûr, mon amour, tout ce que tu dis est vrai, mais si j’osais, je dirais que tu perds ton temps. Viens avec moi, il y a mieux à faire.